Nom + West. Nom que vous avez certainement déjà entendu, grâce à la virtuose Caitlyn Crawford-West, pianiste de renom et aussi ma mère, mais également grâce à Liam West, chef de projet de Link Seat et aussi mon père. Prénom(s) + Aileen Faye. Rien de particulier, si ce n’est que mes parents devaient simplement apprécier ses deux prénoms et, n’arrivant pas à se mettre d’accord, ils décidèrent de me donner les deux. Surnom(s) + Leen. Plus court. Plus simple. Et utiliser par tous. Peu d’originalité, mais pourquoi s’embêter à chercher plus loin ? Date et lieu de naissance + Née à Seattle dans le froid hivernal tout juste installé, je suis venue au monde un vingt-six novembre. Âge + 24 ans. Le quart de siècle arrive dans quelques mois. Nationalité + Américaine. De naissance, mais je soupçonne quelques origines inconnues… Activité + Assistante Directrice Artistique En gros, je suis graphiste/webdesigner, mais je ne fais pas que de l’exécutif, j’apporte mes propres idées créatives. Classe sociale + Aisée. Avec une mère musicienne professionnelle et un père travaillant dans la plus grosse entreprise actuelle de Seattle, Crawford Corporation, nous ne connaissons pas vraiment les difficultés financières. Orientation sexuelle + Mon âme sœur est une femme : Maïewen. Malheureusement j’aime bien trop l’anatomie masculine - pour rester courtoise - pour être autre chose qu’hétérosexuelle. Statut civil + Célibataire. Courant au gré du vent, butinant de fleur en fleur, jusqu’à trouver celle qui saura conquérir mon cœur… MANNY ! Arrête d’écrire à ma place… Je ne cherche rien de particulier, si ce n’est quelqu’un avec qui passer du bon temps. Date d'arrivée à Seattle + Je suis née ici. J’ai bien voyagé ici et là, grâce aux carrières de mes parents, mais notre pied à terre c’est ici ! Quartier d'habitation + Je vis à Delridge pour rester près de Manny. Groupe + Play with fire.

« … je suis enceinte » L’homme face à cette jeune femme a l’air étonné. Il ne s’attendait pas à une telle révélation. Mais il la trouve si belle avec son air gêné, et il l’aime tellement, qu’il finit par sourire. Ça ne sert à rien d’être étonné, c’est une très bonne nouvelle. La femme qu’il aime va mettre au monde une nouvelle vie, et il n’y a rien de plus beau sur Terre. « Et moi je serai un père comblé. » La jeune femme laisse couler quelques larmes le long de ses joues, avant d’enlacer le jeune homme dans ses bras. Le stress retombe pour finalement laisser place à la joie. Leur vie a basculé lorsqu’elle apprit la nouvelle, mais ce n’est que dans huit mois, qu’elle changera réellement.


« C’est le grand jour !! » Je pousse les portes de la cuisine et m’accoude à la table où trône un énorme gâteau. « Bon anniversaire ! » Je souris à la femme qui s’approche afin de la remercier et, au moment où j’allais poser mon doigt sur le gâteau, cette dernière me tapote la main pour m’empêcher d’y goûter. « Ce n’est pas encore l’heure d’y toucher ! ». Je grogne un peu, parce que j’avais très envie de goûter à ce gâteau qui a l’air fort délicieux. Mais j’attendrais puisqu’il le faut… Je pose alors ma tête sur mes mains, toujours accoudée sur la table. « Alors, que voudrait faire mademoiselle pour occuper sa journée ? » J’arque un sourcil et pose mon regard sur Elisa, notre servante. « Mais… Je devais pas passer la journée avec maman et papa ? » Elisa sourit en coin. Ce sourire que je ne connaîs que trop bien. Ce sourire qu’elle arbore lorsqu’elle sait que quelque chose va m’attrister et qu’elle aimerait faire quelque chose pour plutôt me faire sourire. « Malheureusement, vos parents vont être occupés toute la journée et ne pourront être présent qu’au diner de ce soir avec vos amis… » Encore une fois, mes parents ont fait passer leur travail avant moi… Ils m’avaient promis que cette fois-ci ils passeraient la journée avec moi, mais une fois de plus ils m’ont menti. Je n’ai que huit ans et pourtant je suis déjà habituée à leur comportement… Je me relève alors, sans expression, et me dirige vers les portes de la cuisine. « Mais si vous voulez, mademoiselle, nous pouvons aller faire un tour dans votre pâtissier préfér… » Je me retourne vers la femme. « Non ça ira Elisa… Appelle Manny plutôt. » Blasée d’être encore reléguée au second plan, je n’ai même plus goût à la fête. Mais peut-être que Manny, ma meilleure amie, saura me remonter le moral. Elisa comprend immédiatement, qu’elle, elle n’y arrivera pas, alors elle s’empresse d’appeler la jeune fille, tandis que je retourne m’enfermer dans ma chambre.


Je l’observe, allongée dans l’herbe. Il dessine merveilleusement bien. Son trait est sûr et fin. Il n’hésite pas. Il sait où aller et quoi faire. Ça me fascine ! « Comment tu fais ? Moi j’repasse toujours trente six milles fois sur mes traits pour avoir quelque chose de potable… » Il relève la tête de son carnet à dessin et me sourit, une mèche rousse cachant une partie de son œil gauche. « C’est l’habitude ! Il faut que tu pratiques plus et tu verras, à force, tu prendras de l’assurance. » Je plisse les yeux, réfléchis quelques instants, puis pose à nouveau mon regard sur lui. « Bon bah alors à partir d’aujourd’hui, je dessinerai tous les jours !! » Je lève le poing au ciel, déterminée à réaliser ma promesse. L’homme se met à rire. Je ne comprends pas pourquoi, mais ça me donne envie de rire aussi du coup ! Cet homme, c’est Alexander Burrows, peintre et grand ami de la famille. Je le connais depuis ma naissance ; je crois qu’il doit être mon parrain, ou quelque chose comme ça, parce que je l’ai toujours vu à toutes les réunions de famille. Je ne le vois pas souvent, car il travaille essentiellement en Europe, mais il est revenu à Seattle pour le mois, alors je profite de sa visite pour passer du temps avec lui. J’ai une grande admiration pour son travail et c’est lui qui m’a donné le goût du dessin. Je ne suis peut-être pas née avec un crayon à la main, mais Alex m’en a rapidement mis un entre les doigts. Il s'arrête alors de rire lentement, puis passe une main dans ma tignasse brune en me souriant, d'un sourire bienveillant. Et moi je lui souris en retour, avant de me remettre à mon observation.


Je frappe à la porte, toute excitée. Aujourd’hui, c’est l’anniversaire de Manny et son père lui a organisé une surprise. La bande et moi, nous sommes venus les retrouver à Rio pour lui faire passer un anniversaire de folie ! J’ai hâte de voir sa réaction lorsqu’elle nous verra débarquer… Et voilà ça n’y manque pas ! Lorsque son père a ouvert la porte, Maïewen ne s’attendait vraiment pas à nous voir de l’autre côté. C’est génial ! Je lui saute dans les bras, puis je laisse ma place, quelque peu à contrecœur, à son petit copain. J’adore Manny, mais son copain je ne le sens pas… Cependant, je me dis que c’est juste de la jalousie. Je vois le mal là où il n’y en pas forcément. Mais c’est plus fort que moi, je ne veux pas que Manny souffre.
En début de soirée, le père de Maïewen nous abandonne, un rendez-vous d’affaire ou je ne sais quoi - ses parents et les miens ont toujours été pareil là dessus… - mais tant mieux ! Nous allions avoir la soirée pour faire la fête tranquillement, sans aucun adulte pour nous embêter… La musique a battu la chamade et l’alcool a coulé à flots toute la soirée ! Complètement ivre, je me suis rapproché d’un garçon du groupe. J’ai toujours été très tactile avec les autres et il a du prendre mes gestes pour des sous-entendus. Mais ça ne me dérangeait pas. Nous nous sommes alors tourné autour toute la soirée et nous avons fini par nous embrasser dans le canapé, devant les yeux de tout le monde. Manny allait certainement m’assommer de question le lendemain, mais tant pis, sur le coup je pensais à d’autres choses ! Le garçon s’est alors levé et a attrapé mon poignet pour m’emmener ailleurs pour passer à l’étape supérieur. Il ouvre une première porte, mais se ravise aussitôt et s’éloigne vers une autre. Je ne sais pas ce qu’il a vu là dedans, mais visiblement c’était occupé. Trop éméchée pour me rendre compte de quoi que ce soit, je le suis et rentre avec lui dans la chambre suivante. Cette nuit là fut ma première fois. Mais aussi notre dernière ensemble. Une histoire extrêmement courte. En réalité, il ne souhaitait pas sortir avec moi. Il avait juste réagi à une pulsion, à un moment t. Et moi, trop fière et peu encline à souffrir à cause d’un idiot, je lui ai répondu que c’était la même chose pour moi. C’est comme ça que ma carapace s’est forgé peu à peu. Et encore plus lorsque le lendemain matin, j’ai appris que le copain de Manny l’avait trompé avec une de nos amies, dans sa propre chambre. La dureté de l’amour et du sexe faisait apparition dans nos vies pour la première fois et elle n’allait pas cesser de s’accroitre au fil des ans, forgeant ainsi couche après couche, cette carapace qu’on croyait inaltérable.


J'ai grandi. J'ai observé. J'ai analysé. Et je sens qu'on me cache des choses. « Tiens, mais tu deviens rousse… » Une remarque comme une autre, une moquerie de plus. Pourtant, cette phrase m’a touchée. Elle ne m’a pas blessée, mais elle m’a marquée. Comme si elle était la clé d’une énigme longtemps enfouie. Moi qui avait toujours été brune étant enfant, les années avaient eu tendance à rendre ma chevelure rousse, du moins ses reflets. Mais il n’y a pas longtemps, je me suis rendue compte qu’ils devenaient bel et bien roux. Une couleur est une couleur, je ne devrais pas m’en préoccuper autant. Mais ce qui me dérange plus, c’est qu’aucun de mes deux parents ne sont roux… Et j’ai bien remarqué le regard de mon père. Dès qu’il observe ma chevelure, je ressens une pointe de tristesse dans son regard. Je n’y avais jamais prêté attention, mais quand j’y pense, je le remarque. Le seul roux que je connaisse, c’est Alex. C’est un grand ami de ma mère. Et maintenant que je comprends les histoires d’adulte, je commence à me faire des films… Ça me torture l’esprit, mais je ne peux pas demander quoi que ce soit à ma mère, encore moins à mon père. Je sens que quelque chose ne tourne pas rond. Alors j’ai pas trouvé d’autres solutions.
J’enlève la serviette que j’ai sur la tête et laisse retomber une longue chevelure dorée. Je ne veux plus que mon père soit triste lorsqu’il me regarde, alors je vais cacher à tout le monde que je suis rousse. À partir de maintenant, je serai blonde. Ainsi, le sujet ne sera jamais amené. Je n’embarrasserai pas ma mère et je ne ferai pas souffrir mon père. Je me tiendrai éloignée d’Alexander, comme ça personne ne fera de lien.


« Vous avez vu le nouveau site de Crawford Corp ? » ; « HAN MAIS OUI ! C’EST GÉNIAL !! » Je souris en entendant ce groupe de jeune discuter à côté de moi dans la rue. Mon père serait content s’il entendait ça. C’est lui qui gère le projet depuis trois ans avec mes oncles. Ils ont inauguré le site il y a un mois et ça fait déjà un tabac ! Mon père est très content et je vois bien que toute la pression qu’il a accumulé est redescendue. Et c’est tant mieux ! Peut-être aurais-je plus d’occasion de le voir. « Et toi alors ? Tu comptes t’y inscrire ? » Je regarde Manny en souriant. Les sites de rencontres, c’est pas trop son truc… « Euh… pas tout de suite. J’attends de voir ce que ça donne. J’espère que ton père ne m’en voudra pas ! » Je rigole, avant de siroter le smoothie que j’ai à la main. J’ai terminé les cours plus tôt, alors j’ai pu rejoindre Maïewen pour passer une partie de l’après-midi avec elle. Je suis des cours de communication et de graphisme dans l’idée de devenir plus tard directrice artistique. Je sais que j’avais dis que je resterais éloignée d’Alexander, mais je n’ai pas su abandonner le dessin. J’aime trop ça. C’est ma mère en revanche qui n’est pas trop pour que je fasse ce genre d’étude. A croire que ça l’embarrasse que je suive les traces de son amant…
Alors que nous sommes arrivés à destination, Manny s’arrête. « Dis Leen ! Quitte à te faire une coloration, tu veux pas essayer une nouvelle couleur pour changer ? Genre rouge ? Ça peut être fun ! » Je pousse la porte du coiffeur, tout en lui répondant. « Non. Blond c’est parfait ! »