Nom + Hayward Prénom(s) + Christopher, Preston Surnom(s) + Chris Date et lieu de naissance + 21/09/1984 Âge + 32 ans Nationalité + Américaine. Activité + Avocat. Classe sociale + Aisé. Orientation sexuelle + Hétéro. Statut civil + Célibataire. Date d'arrivée à Seattle + Janvier 2015. Quartier d'habitation + MagnoliaGroupe + I'm a rebel.

   C’est à Portland en Oregon que j’ouvris mes yeux sur le monde, un soir de solstice d’automne. Comme tout le monde, je n’ai aucun souvenir de ce jour-là, mais j’imagine que le visage de mes parents devait mêler un certain émerveillement à une inquiétude grandissante. Car oui, devenir parents à dix-huit ans ne devait pas être évident à assumer. Et c’est d’ailleurs ce qui explique pourquoi je n’ai jamais ressenti l’amour que semblaient recevoir les autres enfants de la part de leurs parents. On me fit bien vite comprendre que je n’étais qu’un accident, et un trouble-fête. Celui qui avait privé ce couple de leur jeunesse de par ma naissance. A croire que les bébés naissent d’eux même et que tout ceci n’était pas, avant tout, de leur faute à eux. Néanmoins, leur situation s’arrangea avec le temps, lorsque mon père devint un banquier de renom. Un poste important obtenu par le travail acharné ! Voilà une phrase que je ne tarderai pas à détester. Car oui, une fois à l’école, mon calvaire commença. Rien n’était assez bien pour satisfaire mon père. Lorsque j’étais bon, je devais être le meilleur. Si j’étais le meilleur, c’était parce que les autres avaient failli ! Bref, j’étais selon lui un incapable qui n’arrivait même pas à rester au top durant toute une année scolaire ! Une honte pour la famille. Cependant, j’étais quelque part heureux d’être le seul concerné par ses critiques. Ma sœur, plus jeune et désirée cette fois pas mes parents, semblait ne pas être soumise au dictat de mon père. Et je m’en réjouissais car je ne voulais pas qu’elle puisse sentir comme moi, que quoi qu’elle fasse, rien ne serait suffisamment bien pour le satisfaire. Pourtant, je faisais mon mieux et j’avais même développé un certain talent dans la démonstration, la répartie et les plaidoiries afin de mettre en valeur mon travail et parvenir, au fil du temps, à démonter un à un les arguments infondés de mon père. Ce qui me valait finalement qu’un haussement d’épaule et un soupir en guise d’excuse de sa part.


 
   D’un côté, mon père carriériste et élitiste, de l’autre ma mère, un peu dans son monde et ayant des envies d’ailleurs. Cela ne pouvait durer plus ! Ils divorcèrent alors que j’entrais à l’université d’état de l’Oregon, ce qui fut une aubaine pour moi de m’émanciper de ces parents qui ne m’avaient apporté que le strict minimum. Ma sœur, avait choisi de suivre ma mère en attendant de pouvoir elle aussi voler de ses propres ailes. Je me sentais revivre à l’université et me découvrait un certain charisme, des qualités, des défauts bref, de quoi mieux comprendre qui j’étais, sans entendre cette voix qui me rabaissait sans cesse. Cette période fut la plus belle de ma vie, les filles, les amis, les soirées… Et mes études en droit que j’avais eu la chance de financer grâce à des bourses, obtenues grâce à mes bons résultats au lycée.

 

Kelly. C’est le prénom de celle qui fit chavirer mon cœur à l’université. Nous vivions une belle histoire et j’étais follement amoureux de cette belle jeune femme qui avait obtenu un diplôme en médecine. Le séducteur du campus avait laissé place au petit ami attentionné et fidèle. Plus tard, nous nous installions ensemble à Portland, je travaillais dans un petit bureau d’avocats, tandis qu’elle était interne à l’hôpital. Je me projetais sur une vie de famille, un mariage et tout le reste. Mais l’amour ça ne marche qu’à deux ! Six ans après notre premier baiser, échangé un soir de fête étudiante, la belle histoire prit fin puisque Kelly avait décidé de refaire sa vie au bras d’un chirurgien rencontré sur son lieu de travail. Le coup le plus dur de toute ma vie venait de m’être porter en plein visage et en plein cœur. Seul ! J’étais seul, avec mes souvenirs, mes illusions et mes rêves envolés. La pente fatale qui ne fait que s’accentuer lorsque l’alcool entre en jeu. Noyer ma peine et ma solitude, oublier pour un soir cette histoire dont je n’arrivais pas à me défaire. Je crois même que le pire fut officiellement atteint lorsque je perdis ma place au bureau. Ou comment toucher le fond en quelques mois… Relations d’un soir, solitude, alcool, rien de la vie idéale que je m’étais imaginée avec Kelly.


 

Mais, un soir, lors d’un festival où je pensais pouvoir passer le week-end au milieu d’autres soulards, je fis une rencontre qui ne manqua pas de me faire réfléchir. Dans un trop rare état de sobriété, j’avais discuté avec un jeune canadien ayant fuis son pays et surtout sa famille pour des raisons personnelles terribles. Lui qui paraissait dix ans plus vieux que son âge, me donnait une belle leçon de vie lorsqu’il me racontait vivre heureux, au jour le jour, malgré son passé douloureux et sa vie précaire. Cela me fit réfléchir et me permis de me rendre compte que la vie continuais, et qu’il y avait des vies et des histoires bien pires que la mienne dans ce monde.
Nouvelle ville pour une nouvelle vie ! J’avais décidé de ne plus toucher à une goutte d’alcool, de reprendre mon travail d’avocat et de quitter portland, ville m’ayant valu tant de tourments. Je trouvai un travail dans un cabinet d’avocat à Seattle, le déménagement, le travail, les nouvelles relations me permirent de tirer un trait sur le passé, sur l’alcool, sur l’autre moi que je ne voulais plus être. Aujourd’hui, j’ai repris ma vie en main ! Sobre depuis deux ans, je fais le métier que j’aime et arrive à ne plus ressentir de tristesse quant à cette illusion que fut mon amour pour elle… Je suis bien plus sur de moi. Je ne m’attache plus amoureusement, pour ne plus souffrir. J’envoie un peu d’argent à ma sœur qui vit à portland, pour l’aider à s’en sortir. Mes parents ? J’ai coupé les ponts totalement et ne veux plus en entendre parler. Je me contente de faire mon métier, et de tenter de profiter de la vie pour oublier que la solitude reste ma plus fidèle compagne.