+ Novembre 2003 +
« Ellie Tessa Levy arrête de jouer à ces jeux idiots et va ranger ta chambre. » La petite brunette fait la moue, souffle un bon coup puis appuie sur start avant de traîner les pieds jusqu'aux escaliers pour monter ranger sa chambre.
« Et avec le sourire jeune fille ! Depuis mardi tu dois la ranger. Les vacances c'est fait pour s'aérer la tête. Après ça tu iras plutôt jouer un peu dans le jardin avec ta petite sœur et les voisines. Je n'en peux plus de te voir jouer avec ta console. » Absolument pas ravie à cette idée Ellie lève la tête et affichant sa moue la plus boudeuse elle dit à sa mère
« Mais maman... Mario ça sert aussi à s'aérer la tête ! En plus il fait froid et je n'ai pas envie de jouer avec les voisines. Elle ne pense qu'à jouer aux poupées. J'aime pas les poupées ! » Désespérée par sa fille, Mrs Levy ne trouve rien d'autre à répliquer que
« Une fois ta chambre rangée on en reparlera. Mais sache que les jeux vidéos c'est pour les garçons Ellie. Ton père et moi on t'a acheté pleins de poupées ce n'est pas pour qu'elle traîne sur le sol de ta chambre. » Ellie n'est absolument pas convaincue, elle, elle aime les jeux vidéos. Que ça soit pour les garçons ou non elle s'en fout ! Puis les garçons c'est tellement plus marrant que les filles selon elle... Néanmoins elle sait au fond d'elle qu'une fois sa chambre rangée, sa mère ne pourra pas lui refuser de continuer à jouer alors elle se dépêche de monter les quelques marches qui lui reste à monter tout en répond
« Désolée Maman. » Cette dernière ne s'en rend pas compte mais à cet instant Ellie s'excuse surtout d'avoir l'impression d'être une déception pour sa mère. Même si ses parents sont très gentils, au fond d'elle la jeune fille sait très bien qu'ils auraient préféré une fille plus comme toutes les autres petites filles, plus comme Jenny sa petite sœur. Une fille qui rêve de devenir médecin, avocate ou maîtresse. Même princesse ça aurait été mieux que l'envie d'Ellie d'être artiste. Elle le sait et ça lui fait mal au cœur. Pourtant elle n'a pas envie de changer. Ni pour eux, ni pour personne. Du moins c'est ce qu'elle pensait.
+ Janvier 2007 +
« Viens-là princesse. » Mon cœur bat à mille à l'heure et même si je m'étais imaginé les choses tout autrement, je cours lui sauter dans les bras.
« Tu m'as tellement manqué... » 2 ans maintenant que je suis avec Nolan et c'est la première fois qu'on se quitte aussi longtemps. Pour beaucoup 10 jours ça n'est rien et pour moi ça aurait pu ne pas l'être autant si seulement je n'appréhendais pas tant son retour... Certes je l'aime énormément, nous sommes très complémentaires et fusionnels. Mais ça, cette nouvelle, ni lui, ni moi, nous ne sommes prêts à y faire face. Et même si je suis heureuse de le retrouver je sens un nœud se nouer dans mon estomac... Ses lèvres viennent se coller aux miennes, sa langue s'invite doucement dans ma bouche et se met à caresser la mienne. J'en oublierais presque mon appréhension. Puis après quelques minutes à se câliner on se détache enfin l'un de l'autre et je pose mon regard dans le sien. Je profite de cet instant, je veux l'imprimer dans mon esprit. La dernière fois où il me regardera comme ça, j'en suis certaine... Puis me disant qu'il ne faut pas que j'y réfléchisse plus longtemps au risque de ne pas oser lui dire et faire marche arrière je lui sors de but en blanc
« Nolan, je suis enceinte. » Il se stoppe net puis me scrutant, sans doute pour savoir si ce n'est pas une énième blague de ma part, il ne cesse d'ouvrir la bouche puis de la refermer. Comme si il n'arrive plus à parler. Les secondes me paraissent être des minutes et la minute qui vient de passer, une bonne heure. Alors au bout d'un moment ne tenant plus, je baisse les yeux vers le sol, me pince les lèvres et lui lance
« Dis quelque chose. S'il-te-plaît. » Le fait de parler me fait limite mal tant ma gorge est nouée et je sens même mes yeux s'humidifier. Néanmoins le stress commence à me quitter lorsqu'il s'approche de moi pour me prendre la main et s'évanouie complètement quand enfin il prend la parole.
« Ça va aller Ellie. Je suis là ! » Il me sert alors dans ses bras et même si je sais au fond de moi que tout n'ira pas bien, le fait de me dire qu'il sera à mes côtés me permet de relativiser.
+ Sept mois plus tard +
Après cet épisode je me suis toujours dit que le plus compliqué serait de l'annoncer à mes parents. Et même si ça n'a pas été une partie de plaisir, loin de là même, je me suis trompée. Le plus difficile c'était hier. C'est aujourd'hui. C'est demain. C'est maintenant que je suis enceinte de huit mois, un ventre si gros que je n'arrive plus à voir mes pieds et qu'il m'est impossible de mettre mes chaussettes toute seule. Oui c'est maintenant que je vais être maman à tout juste 17 ans alors que mon petit ami, celui que j'ai considéré comme l'homme de ma vie pendant plus de 2 ans, m'a quitté. Touchant mon ventre comme le ferait une maman impatiente de rencontrer le petit bout qu'elle couve depuis plusieurs mois maintenant, je suis dans mon lit entourée de mouchoirs, entrain de pleurer toutes les larmes de mon corps et regretter ma vie passée. J'avais un petit ami parfait, j'allais commencer des études artistiques après mon diplôme puisque j'avais enfin pu convaincre ma mère. Et même si je n'étais pas la fille rêvée par mes parents, je n'étais pas non plus la honte de la famille. Aujourd'hui j'avais l'impression d'être abandonné de tous, de les avoir tous déçus, mais surtout de m'avoir déçue. Et alors que je suis entrain de m'essuyer la morve qui coule, so glamour, Jenny frappe à la porte et vient s'installer sur mon lit.
« Tu sais si Nolan t'a quitté juste parce que ses parents s'inquiétaient pour son avenir c'est qu'il ne vous méritez pas toi et ton bébé. » Entendre me dire ce qu'au fond de moi je sais mais que je ne veux pas accepter par ma petite sœur de tout juste 10 ans c'est l'horreur. Si bien que lorsqu'elle ajoute
« Si maman et papa me disaient que je dois choisir entre vous ou aller à l'université. Je vous choisirais. » je plonge mes yeux dans les siens et lui lance
« Tu as tort Jenny ! Moi je ne veux pas de ce bébé. Je ne veux pas être mère, je vais le faire adopter de toute manière ! » Je m'aperçois alors que comme par automatisme ma main s'est enlevée de mon ventre et même si c'est dit par colère, c'est pour moi, à cet instant, une sorte de révélation. Si bien que quelques jours après je suis allée voir Jenny pour m'excuser parce qu'elle m'avait fait mal au cœur lorsqu'elle était partie muette comme une carpe, mais ma décision de faire adopter le bébé n'avait pas changé. C'était d'ailleurs devenu le bébé et ce n'était plus mon bébé. Non je n'étais pas prête et je n'avais pas envie de devenir maman. Pas à 17 ans. Pas sans Nolan.
+ Octobre 2007 +
« Je vous prends les deux. » L'éleveur prend ma monnaie puis s'en va les préparer. Lorsqu'il les pose sur le comptoir pour aller me cherche le matos, je me penche puis leur lance
« Alors comment est-ce qu'on va vous appeler ? » Je réfléchis puis tombe sur une idée qui correspondait très bien à l'état de ma vie.
« Tu seras Méli et toi Mélo. » Vue le bordel qu'est ma vie, cohérent. Je leurs souris puis paie le vendeur. En rentrant chez les parents je pose le tout sur la table et alors que je me découvre, ma mère hurle
« Ellie pourquoi est-ce qu'il y a des tortues sur ma table de salle à manger ?! » Je lève les yeux au ciel et répond agacée
« Parce que je les ai adopté. » Tout aussi agacée elle reprend
« Achetées ou volées ? » « Les animaux ne s'achètent pas, ils ne sont pas des objets ! » « Ellie ! » « J'ai utilisé l'argent de la revente des affaires du... » Je marque une pause, déglutit et reprend comme si de rien n'était.
« Du bébé. » Les larmes me guettant une fois encore je prends mes tortues, leurs affaires puis m'en vais dans ma chambre en n'omettant pas de claquer la porte. Après ça je prends mon cahier et un crayon puis je me mets à dessiner pour évacuer et m'empêcher de pleurer. Lorsque je sens l'envie de pleurer disparue j'installe les tortues dans l'aquaterrarium puis leur dis à elles mais surtout à moi-même.
« Je n'ai pas besoin d'enfant, je vous ai vous. » + Janvier 2009 +
« Ellie revient ici ! » Je continue de mettre mes chaussures et mon père m'attrape alors par le bras.
« Tu as beau avoir 18 ans, je reste ton père ! » Il me force à m’asseoir sur une des marches des escaliers à l'entrée puis hurle
« Tu vas arrêter ça, et vite ! Fini les mauvaises fréquentations ! Fini l'alcool et... Et tes merdes ! Fini ! Tu crois que tu es un bon exemple pour Jenny ? » Les larmes commencent alors à couler et j'hurle de plus belle
« Oui je sais je suis la plus grosse déception de ta vie ! » Et en lançant un regard noir à ma mère j'ajoute
« De cette famille même ! » Je me relève puis le pousse
« Alors foutez-moi la paix et ne faîtes pas comme si ça vous importe réellement que je me saoule ou que je me drogue ! » J'ouvre la porte puis hurle de plus belle
« Votre souci c'est surtout que vous ne voulez pas que vos chers petits voisins sachent que nous ne sommes pas une parfaite petite famille ! Mais moi je m'en fou ! » Avant que je n'ai eu le temps de passer le portail mon père m'attrape de nouveau par le bras mais je m'en défais et lui hurle
« Lâche-moi ! Si Nolan m'a quitté c'est de votre faute. Si je n'ai plus mon bébé c'est de votre faute. Si j'ai envie de mourir c'est aussi de votre faute. De toute façon je te déteste. JE. VOUS. DÉTESTE! » J'essuie alors les larmes qui coulent sur mes joues d'un revers de la main puis laisse mes parents inquiets comme jamais sur le pas de la porte. Mais ça je m'en fou, tout ce que je vois c'est que je souffre et que j'en veux au monde entier mais surtout à eux de ne pas me laisser me détruire tout doucement, mais sûrement.
+ Septembre 2009 +
« Tu n'es jamais contente maman ! » Je continue de mettre mes affaires dans mon sac puis ajoute
« Je me comportais comme une gamine et n'avais aucun but. Eh bien maintenant je suis mariée et je vais faire le tour du monde avec mon mari. » Je prends un autre sac et y mets d'autres affaires n'écoutant qu'à moitié ce qu'elle me répond.
« Ce n'est pas si simple Ellie. Tu ne le connais que depuis quelques semaines et tu t'en vas avec lui. » Mon sang ne fait qu'un tour.
« Je connaissais très bien Nolan et il m'a laissé tomber alors tu sais ! Tu pourrais au moins nous féliciter. J'ai l'impression que tu ne seras jamais contente tant que je ne deviendrais pas une gentille petite fille qui fait des études pour avoir un beau métier qui paie bien. Mais ça, moi je m'en fou ! » Je prends l'argent que j'ai dans ma boîte à musique puis le met dans ma poche
« Tout ce que je veux c'est que tu sois heureuse et en sécurité Ellie. » Je prends les deux sacs puis clos la conversion parce que Gabriel m'attend.
« Eh bien c'est le cas ! » Je me tourne vers elle, lui fait un sourire forcé puis prends le départ. Cependant je me stoppe net lorsqu'elle lance
« Si tu t'en vas je ne veux plus que tu remettes les pieds ici Ellie. J'en ai marre. Marre de m'inquiéter pour toi parce que tu ne rentres pas pendant des jours. Marre de me sentir impuissante face à ton autodestruction. Marre d'avoir le rôle de la méchante alors que c'est toi qui n'a pas pris tes précautions en couchant avec Nolan et que c'est ça qui a été le début de tout... » Elle se rend sans doute compte de ce qu'elle vient de dire parce qu'elle tend un bras vers moi mais c'est trop tard. Je m'en vais en lui hurlant.
« Adieu et bon débarras alors ! » Lorsque j'arrive en bas je vois Jenny sur le pas de la porte qui me regarde les yeux pleins de larmes. Mais ça ne change rien.
« Je suis désolée ma chérie... Occupe-toi de Méli et Mélo s'il-te-plaît. » Je dépose un baiser sur son front puis quitte la maison familiale, me jurant à moi-même de ne plus jamais y remettre les pieds. Je monte ensuite dans la voiture de Gabriel qui me demande
« Ça y'est t'as tout ? » Je lui lance un sourire faussement enjoué et lui dis
« Oui on peut y aller, il n'y a rien plus rien pour moi ici ! » Et même si à ce moment là je crois que c'est la meilleure décision à prendre, il va s'avérer que cette décision n'est qu'une énième erreur d'une liste bien trop longue.
+ Février 2012 +
« Lâche-moi Gab, tu me fais mal ! » J'ai l'impression de perdre pied encore une fois. Je le regarde apeurée comme jamais parce que même si il a tendance à être violent, c'est la première fois qu'il veut me forcer à faire une fellation à un mec juste pour avoir un peu de poudre.
« Ellie tu es ma femme, j'ai payé pour tout notre voyage mais là je suis à sec et j'ai besoin de ma dose ! Donc tu vas le sucer et tu te la fermes ! » A cet instant je repense une nouvelle fois à toutes les mises en garde de mes parents concernant Gabriel. Je n'ai qu'une envie : aller me réfugier chez eux. Mais je repense aussitôt à ce jour où ma mère m'a dit que si je partais je n'avais plus intérêt à revenir et ça c'est dur. Qu'est-ce que je peux faire ? J'ai 22 ans, plus un sous en poche et ni famille, ni amis pour m'aider. Pourtant c'est la goûte de trop.
« Va te faire foutre ! » Je le pousse et il tombe à terre. J'entends un bruit sourd et me dis que si ça tombe je l'ai tué. Si ça tombe j'ai tué mon mari. Mais j'en ai rien à faire. Je cours le plus vite possible. Le vent irlandais frappe d'ailleurs sur mes joues déjà rougies par le stress et la baffe que j'ai reçu quelques minutes plus tôt. J'ai mal aux pieds tellement mes pas sont lourds et j'ai les idées embuées par ma dernière dose. Mais je me rends surtout compte que même si j'ai visité des dizaines de pays depuis que j'ai quitté Londres, pour la première fois depuis trop longtemps, je me sens libre. Libre et vivante.
+ Décembre 2012 +
« On est morose ce soir ? » Assise sur le toit de notre immeuble je dois bien avouer que je suis très pensive.
« Oh tu sais... Je fais juste le point sur ma vie et ce n'est pas forcément la joie. » Elle m'attire vers elle et jouant avec mes cheveux, elle souffle
« Ah non ma belle ! Tu as un si beau sourire, tu ne vas quand même pas déprimer. » La magie Abby a fait son effet et me voilà avec un large sourire sur les lèvres.
« Heureusement que tu es là... » Je pose alors ma tête sur ses genoux puis plantant mon regard dans le sien, je lui lance
« Je ne sais pas ce que j'ai fait pour te mériter Abby... T'es vraiment ma marraine la bonne fée! » Je lui souris et alors que je ne m'y attendais absolument pas, elle se penche et dépose un baiser sur mes lèvres. Choquée, je reste figée et quand elle se redresse, je me relève également. Embarrassée comme rarement dans ma vie, je bégaie
« Ab... Abby je ne... » Elle me coupe.
« Je sais Ellie ne t'en fais pas. Tu n'es pas branchée nanas. C'est juste que j'en avais envie depuis un moment. Maintenant que c'est fait je ne recommencerais plus. » « Quoi ça veut dire que maintenant que tu as goûté à mes lèvres tu n'as plus envie ?! » dis-je presque vexée avant de me rendre compte que ça peut prêter à confusion.
« Pas que je veuille que tu recommences. T'as pas intérêt d'ailleurs ! » Elle se met à rire.
« Non mais ne t'en fais pas, plus jamais. C'était histoire de passer ça. Je voulais juste savoir ce que ça fait d'embrasser cette merveilleuse Ellie Levy. » Je lui souris rassurée puis me repose sur ses jambes. Je replonge alors dans mes pensées. Jenny, mes parents, mes tortues et mon divorce prochain aussi. Mon envie de plus en plus forte de rentrer chez moi. Mon fils... Je déglutis.
« Ta famille te manque ? » Je me demande comment elle peut lire dans mes pensées puis me rappelle que comme d'habitude il n'y a pas besoin de mots entre Abby et moi...
« Oui. » Je pince mes lèvres alors qu'elle me lance comme si je suis nulle de ne pas l'envisager.
« Tu n'as qu'à rentrer, tes parents ne t'en voudront pas indéfiniment. Je suis sûre que tu leur manques. » Si seulement elle pouvait avoir raison...
« Je... Je ne sais pas. Puis je n'ai pas envie de te laisser tomber maintenant que tout s'arrange pour moi. Tu m'as aidé à quitter Gabriel, à arrêter de me détruire. Je... Non je n'ai pas envie. » Et là, surprise, elle réplique
« Ne me prends pas comme excuse Ellie, oh ça non ! Puis ce n'est pas un souci, si tu veux moi je peux t'accompagner à Londres. En plus j'ai toujours rêvé de visiter Londres... » Et c'est donc comme ça que j'ai enfin trouvé le courage de rentrer chez moi. Cet endroit que j'avais quitté en me jurant de ne plus jamais y remettre les pieds et que je voulais plus que tout retrouver à présent.
+ Mai 2015 +
« Vous... Vous êtes certain ? » Je regarde le notaire qui hoche la tête un air désolé sur le visage.
« On va vendre la maison alors, c'est la seule solution. J'épongerais les dettes puis utiliserais le reste pour que Jenny puisse étudier dans son école à Seattle... » Je voudrais pouvoir garder notre maison familiale, la louer le temps qu'on est à Seattle pour les études de ma petite sœur mais mes parents nous ont laissé des dettes et je n'ai pas assez d'argent de côté pour payer les études de Jenny, qu'on s'installe là-bas et régulariser les dettes de ces derniers. Comme si ce n'est déjà pas assez dur de les perdre aussi brusquement... Comme si ce n'est pas l'horreur alors que j'ai perdu tant d'années à me batailler contre eux juste parce que je me sentais incomprise. Un gars stupide qui a trop bu et je n'ai plus de parents. Jenny et moi on n'est plus que toutes les deux. Pourtant tout s'arrangeait. Je commençais à me faire un nom à Londres dans l'illustration, Abby m'avait même convaincu de retrouver mon fils et j'allais lancé les démarches. La décision avait été tellement difficile à prendre mais j'en avais parlé à mes parents et ils étaient d'accord pour dire que c'était la meilleure chose à faire pour pouvoir bien débuter ma nouvelle vie. Mais à l'heure actuelle je ne voulais pas débarquer dans la vie de celui-ci alors que la mienne était tout sauf stable. Alors je sais que je vais encore une fois devoir y renoncer. A croire qu'il faut que je paie toujours et encore toutes mes erreurs du passé... En rentrant à la maison je retrouve Jenny dans les bras d'Abby. J'ai peur qu'elle ne le surmonte jamais. Je me baisse alors et prenant son visage dans mes deux mains j'essuie ses larmes et lui promet
« Ça va aller chérie. C'est difficile mais sache qu'ils continuent de vivre dans nos cœurs... » Et alors que je ne m'y attends absolument pas, elle me lance
« Ne fais pas comme si t'en avais quelque chose à faire d'eux ou de moi ! Tu nous as quitté sans te retourner et tu nous as brisé le cœur... » Elle se lève et reprend
« De toute manière tu n'aurais jamais dû revenir. Tout ça c'est de TA faute. » Elle monte quatre à quatre les escaliers et je me laisse tomber sur le sofa. La tête entre mes mains je sens les larmes couler et alors qu'Abby essaie de me réconforter et de me faire comprendre que c'est la tristesse qui fait parler Jenny, je me rends à présent compte à quel point j'ai pu être odieuse avec mes parents et à quel point ça a dû être difficile pour eux maintenant que je me retrouve à leur place. Ils me manquent tellement...