Nom + Caldwin, un nom qu'il porte fièrement et qui a de lointaines origines anglaises. Callum n'est jamais remonté si loin dans son arbre généalogique cela dit, puisque ça ne l'intéresse pas vraiment. Prénom(s) + Son premier prénom, Callum, il le tient de son grand-père maternel. Quant au second, Gabriel c'est purement et simplement celui de son père. L'un des héritages qu'il lui a laissé. Surnom(s) + Très souvent, il vient naturellement à l'idée des gens de l'appeler Cal, ce qui ne le dérange pas outre-mesure. Il n'a, pour l'heure, pas entendu d'autres surnoms le concernant. Date et lieu de naissance + c'est à Seattle que Callum a vu le jour, un certain 13 avril de l'année 1979. Âge + il a donc fêté, il y a quelques mois, ses trente-sept ans, la quarantaine le guette. Nationalité + Callum est un américain pur et dur avec, donc, quelques lointaines origines anglaises. Trop lointaines pour qu'il les connaisse réellement. Activité + au cours de ces dernières décennies, Callum a pas mal roulé sa bosse. C'est assez tardivement, à l'âge de 29 ans, qu'il s'est découvert un amour inconditionnel - et un certain talent - pour le journalisme. Aujourd'hui, il est rédacteur en chef d'un journal important de Seattle. Classe sociale + il en a connu des galères, mais aujourd'hui Cal est plutôt d'une classe sociale aisée. Orientation sexuelle + hétérosexuelle, la question ne s'est jamais posée, cela s'est fait naturellement. Statut civil + depuis quelques années déjà, Cal est marié à une femme qu'il apprécie, sans jamais l'avoir aimée. Date d'arrivée à Seattle + de base, il est né ici. Il y a donc toujours vécu ... avec une pause de ses vingt-quatre à ses trente-deux ans. Cela fait donc cinq ans qu'il est de retour en ville. Quartier d'habitation + sa petite famille et lui se sont installés à Northgate, il y a quelques années en arrière. Groupe + i'm a rebel.

« Si nous sommes réunis ici aujourd'hui, c'est pour dire adieu à celle qui ... » Fermant les yeux un bref instant, Callum laisse la brise légère effleurer son visage et se faire caressante sur sa peau. Il refuse d'écouter un mot de plus de ce discours. Dire adieu, il ne sait pas faire. Il ne le veut pas non plus. C'est sa mère qui est étendue là, dans ce cercueil fermé qui lui fait face. Il ne sait même plus comment ils en sont arrivés là ... Quoi que. Les images traînent derrière ses paupières closes, le hantant de jour comme de nuit. Il revoit son corps sans vie, allongé sur le carrelage froid de la salle de bain. Il se revoit essayer de la réveiller, hurler à son père de venir sur le champ. Tout, de cette soirée-là, lui est resté en mémoire. Chaque petit détail. Pour le reste ... c'est flou. Il ne se souvient pas de la nuit qui a suivi, ni même des trois jours qui n'ont pas tardé à pointer le bout de leur nez. Ce qu'il se rappelle, c'est qu'il s'est levé chaque matin, les traits tirés et les yeux fatigués. Que son père a essayé, plus d'une fois, de lui parler. En vain. Elle s'est suicidée. Elle a avalé une boîte de cachets et elle est partie pour, il l'espère, en tout cas, un monde meilleur ... Elle ne supportait plus la froideur de son mari et son incompréhension face à la maladie qui était la sienne. La bipolarité, rares sont les personnes à pouvoir la comprendre et la supporter. Callum avait grandit en ne voyant sa mère que dans cette optique, alors cela ne lui a jamais paru si important. Celle qu'il aimait, c'était sa mère telle qu'elle était. Elle n'a malheureusement plus eu le courage de continuer sur cette même voie, dans la vie qu'elle avait réussit à construire avec les années, malgré la maladie et tout ce que cela impliquait. Rouvrant soudainement les paupières, les yeux froids de Callum se posent sur son père, à proximité directe du cercueil. Il se tient le dos voûté, ses joues sont humides, et il se penche un peu plus pour poser une rose sur la boîte, dernière demeure de celle qui était sa femme. En se relevant, il tourne la tête dans sa direction et le regarde. Il n'aurait pas fallu être devin pour comprendre que la haine, qui flotte dans le regard de Callum, lui est directement destinée. Pour quelle raison, nul ne le sait. Mais ne dit-on pas qu'il faut toujours un coupable ? Et le coupable est tout trouvé d'avance ; cet homme, qui n'a jamais su prendre assez soin de sa femme, qui laissait parfois sa main traîner sur la joue de son fils unique pour un oui ou pour un non. Cet homme qui, inconsciemment et involontairement, ne peut qu'être la raison de cette morte injuste, arrivée trop tôt.


Callum se racle la gorge. Assis sur l'accoudoir du fauteuil, son père est quant à lui sur le canapé, juste en face. Il sait que cela va mal se passer. Il le sait, il le sent. C'est certain. Mais il n'a pas le choix. Du moins, plus le choix. « Je dois te dire quelque chose, donc ... » Merde, merde, merde. Il n'a pas le choix. Peut-être qu'en se répétant cela sans cesse, il finira par lâcher le morceau d'un coup d'un seul ? « Je t'écoute. » Imperturbable, comme d'habitude. Enfin, presque ; Callum croit en effet déceler une pointe d'inquiétude dans son regard. Oh s'il savait ce qui l'attend ... Il serait probablement déjà sur ses pieds, prêt à lui foutre une gifle comme au bon vieux temps. Mais non, ce n'est plus le genre de personne qu'il est, c'est bien ça ? Il s'est calmé, avec le décès de sa femme, trois ans plus tôt. Bien des choses se sont passées depuis. A commencer par la très nette tendance de Callum à faire de sa vie un enfer ; alcool, drogues, absentéisme en cours, tout y est passé. Et son père a fait preuve d'une patience à toute épreuve, dont Callum ne l'aurait jamais pensé capable. Autant dire qu'il devine que ça ne durera pas ... pas avec ce qu'il s'apprête à lui dire. « Et bien ... Hum. Tu te rappelles de Phoebe ? » Probablement pas. Il ne l'a vu qu'une fois, quelques minutes durant ... et pourtant, son père hoche la tête lentement. Il essaye de deviner ce qu'il s'apprête à entendre de la bouche de son fils, qui vient tout juste de fêter ses vingt ans. Ce n'est pas bon, pas bon du tout. « Elle est enceinte. De moi. » Voilà, c'est dit. Lâché dans un souffle, balancé d'une traite. Son dos se détend un peu - rien qu'un peu -, mais ses yeux craintifs restent posés sur le visage de son père. A la recherche du moindre signe pouvant le mettre sur la voie de ce qu'il ressent réellement, face à cette annonce. Bien sûr, c'est se confronter de plein fouet à un mur. Son père n'affiche rien. Et ne dit rien ... dans un premier temps. Jusqu'à ce qu'il ouvre la bouche et se décide à dire quelque chose - n'importe quoi fera l'affaire pour soulager rien qu'un peu Callum. « Quand ? » Pas la peine de lui demander d'étayer ses propos, Callum comprend bien ce dont il parle, et ce qu'il veut dire par là. « C'est prévu pour dans un mois. » Aïe. Son père lui jette un regard glacial avant de se mettre sur ses pieds et de quitter la pièce. Bon. Cela s'est mieux passé qu'il l'avait imaginé ... Il n'ose imaginer à quel point cela aurait pu être pire. Sans doute vaut-il mieux ne pas s'y essayer, en fait. Allez, ça lui passera. Il finira par se faire à l'idée ... peut-être. Quoi que, lui-même ne s'y est pas fait ; pourquoi son père devrait-il y parvenir ?


Huit ans à errer comme un gosse, huit ans à fuir ses responsabilités. Pourquoi maintenant ? Pourquoi pas trois mois en arrière et pourquoi pas l'année suivante ? Callum lui-même ne le sait pas. Ce qu'il sait, c'est que le moment lui semble bien choisi et, bien qu'il devine ne pas être le moins du monde le bienvenu, c'est maintenant qu'il se décide à rentrer chez lui. Enfin, chez lui ... C'est un bien grand mot. Ce n'est pas chez lui. C'est chez Phoebe qu'il est. Quelques minutes d'attente sont nécessaires avant que la porte ne s'ouvre en grand, révélant un visage qu'il connait si bien. Un visage, pourtant, qui a pris quelques années. Huit, pour être précis. Son sourire s'évanouit lorsqu'elle pose les yeux sur lui et Cal', lui, laisse ses lèvres s'étirer un peu. Il n'est pas le bienvenu, et c'est peu dire. « Phoebe ... » L'entente de sa voix rauque semble agir comme un électrochoc sur la dite-Phoebe qui réagit au quart de tour. Sa main qui tenait toujours la porte se met en mouvement, et elle essaye de claquer celle-ci. Mais Callum est plus rapide - en plus de s'être préparé des heures durant à une telle éventualité -, il glisse son pied et empêche donc la fermeture de la porte. « Attends ... Laisse-moi trente secondes. Trente secondes, c'est tout ce que je te demande. » En fait, non, il veut plutôt lui demander des heures de son temps pour s'assurer de ne rien oublier et pour s'assurer de trouver une place - rien qu'une petite place - dans la vie qui est devenu la sienne. Mais ce n'est pas nécessaire de lui dire. « Trente secondes, pas plus. » Elle se la joue pleine de détermination mais Callum devine qu'elle ne peut pas avoir tant changé. Pas elle. « Je suis désolé. Infiniment désolé. Je n'aurais pas dû partir, je n'aurais pas dû me montrer aussi lâche. » Bon, il l'a quand même prévenu de son intention, n'est pas non plus parti sans le lui dire, pendant qu'elle dormait ou qu'elle travaillait. Mais cela ne l'excuse en rien et, surtout, ce n'est pas le moment de diminuer sa culpabilité. C'est de sa faute à lui et à lui seul. « Je sais que ça ne change rien et tu as probablement refait ta vie aujourd'hui mais ... pour Sasha, est-ce que tu pourrais au moins essayer de me donner une seconde chance ? Je te promets de faire tout mon possible pour que tu réussisses à me pardonner, et pour que Sasha y parvienne aussi. » Elle hésite. Il le voit à ses yeux, à sa façon de serrer un peu moins fort la porte. « Peut-être. » Ce n'est pas grand chose, mais c'est un très bon début et Callum le sait. Il est déterminé à réussir à faire ce pourquoi il est revenu, il ne voit pas pourquoi cela ne devrait pas marcher. En plus de ne pas être très rancunière, Phoebe doit voir qu'il pense sincèrement ce qu'il dit. Qu'il va tout faire pour qu'on lui pardonne.


« Mr Caldwin, bonjour. » Callum salue le professeur d'un bref hochement de tête, et sert la main qu'il lui tend. « Votre femme n'a pas pu se joindre à nous ? » Il pourrait presque lui demander de quelle femme il parle, tiens. Pas parce qu'il doute de son identité - il n'en a qu'une, après tout - mais bien parce qu'ils ne se voient que trop rarement. Et qu'il ne s'est pas encore fait à l'idée qu'il y a une femme qui porte son nom en plus de sa bague, à présent ... « Malheureusement non, elle travaille. » Elle travaille, hein ? Menteur. Menteur, menteur. Enfin, bien sûr qu'elle travaille. Mais pas là, tout de suite, non. Elle est encore enfermée dans leur maison, avec une migraine ou une simple envie de rester cachée un temps. Lui, pour sa part, est à cette réunion parents/prof organisée par le lycée de sa fille. Elle, de son côté, est à son cours de danse. Et qui dit cours de danse, dit prof de danse. Clare. Clare Camden. Est-il normal qu'il pense à elle alors qu'il se trouve devant le professeur principal - et de mathématiques - de sa fille de dix-sept ans ? Non, vraiment pas. Mais il ne peut pas s'en empêcher, c'est plus fort que lui. Et il préfère cela plutôt que de songer à sa femme. Celle-là même qui ne lui a jamais semblé si inaccessible. Elle n'est pas heureuse dans ce mariage, et il ne l'est pas non plus. Pourtant, ils y restent tous deux accrochés comme si c'était la chose la plus normale qui soit. Pour Sasha. Mais aussi pour cette vie qu'ils ont finalement réussie à construire, et qui ne devrait pas être de nouveau brisée. Callum, lui, ne veut surtout pas heurter un peu plus encore la santé instable de Phoebe. Bref, un sale cercle vicieux duquel ils s'échappent tous comme ils le peuvent. Pour Callum, c'est Clare, son échappatoire. Un échappatoire très agréable, d'ailleurs. « Pour commencer, je dois dire que les résultats de Sasha sont très satisfaisants. Elle travaille, et cela s'en ressent sur ses notes. Mais c'est son comportement en dehors de la classe qui m'inquiète le plus ... On m'a dit qu'elle ne mangeait que très peu, voire pas du tout. Et elle est toujours seule ... Vous a-t-elle parlé de ça ? » Il s'en est rendu compte, bien sûr. Il sait que Sasha ne vit pas comme toutes les filles de son âge, qu'elle est très souvent seule, et qu'elle n'a peut-être même pas d'amis ... Il sait aussi qu'elle rencontre de gros problèmes au niveau de son alimentation. Elle était obèse il y a encore une année en arrière, et si elle est aujourd'hui très mince, cela ne la rassure en rien. Elle ne perd jamais assez de poids à son goût, ce qui est bien sûr très inquiétant. « Oui je sais. On y travaille ... » Mais ce n'est jamais assez, du moins Callum n'en a pas l'impression. Il fait tout son possible, mais il semblerait que ce ne soit pas suffisant. Sasha lui en veut toujours, il le sait. Et, d'ailleurs, il s'en veut toujours lui aussi. Il ne fait d'ailleurs rien pour diminuer ce sentiment - au contraire, il l'aggrave. En n'essayant pas de comprendre sa femme, ni même de discuter avec elle, mais aussi en la trompant de manière aussi éhontée. C'est, d'une certaine façon, aussi sa fille qu'il trompe ... et il n'ose imaginer ce que l'on penserait de lui si cela venait à se savoir. Mais cela n'arrivera pas, hein ?